La chapelle de Jussac

24/03/2021

LA CHAPELLE DE JUSSAC

Historique

Article du ECHO Paroisssial de décembre 1971

Jussac abrite une oeuvre d’art très remarquable, une statue de la Sainte Vierge, Notre-Dame de Pitié, classé par un arrêté du ministre d’Etatchargé des Affaires culturelles du 25 février 1965 : « Pietà, groupe, bois peint, XVIIe siècle. »

Elle se trouve dans une toute petite chapelle, un peu à l’écart de la route, à droite, en venant de Retournac. Face aux monts de l’Yssingelais, cette chapelle, quoique non « classée », merite d’être protégée; son aspect rustique, sous un toit de lauzes, arrête le regard de ceux qui sont attachées à ces vielles, modestes et rudes constructions qu’on trouve encore parfois dans nos villages.

Elle est plus connue sous le nom de chapelle de Sainte-Reine. Voici pourquoi :

Il y avait depuis longtemps au bord de la route qui va d’une part de Retournac à Craponne et de l’autre à Tiranges, Usson, un petit oratoire avec une statue de Sainte Reine.

Reine était fille d’un seigneur païen d’Alise, qui a gardé son nom de Sainte Reine. Après sa conversion au christianisme elle fut chassée par son père. A quinze ans, elle refusa les fiançailles avec le gouverneur Olibrius. Emprisonnée, elle fut persécutée par son propre père. Ni tortures, ni promesses n’eurent raison de sa volonté. Dieu la guérit même miraculeusement après un de ses supplices. Enfin on lui trancha la tête le 7 septembre 253 : elle avait quinze ans.

La petite Bourguignonne fut à une époque très populaire. Non seulement elle avait cet oratoire chez nous, mais elle avait aussi une chapelle près de Craponne.

L’oratoire de Craponne etcelui de Retournac, établis sur la même route avaient-ils la même origine ? On ne sait. Celui de Retournac avait donné son nom au hameau : Sainte-Reine. Et ce fait seul est preuve de son ancienneté. Mais aux jours de la Révolution i fut saccagé, tellement que murs et statue furent détruits.

Mais la dévotion à Sainte Reine était au coeur des habitants d’alentour. On regrettait la disparition de la statue. Il fut question de rétablir le sanctuaire. Une personne fournit la statue. Mais il fallait la loger : certaines des pierres avaient déja disparu. Les habitants de Sainte-Reine _ trois familles _ ne pouvaient le faire à elles seules. On fit donc appel aux voisins. Mais ceux de Jussac répondirent : « Nous avons une chapelle capable de tenir encore quelques siècles; apportez votre statue; nous avons la Sainte Vierge : elles ne pourront que bien s’entendre pour protéger le pays. »

On accepta, par nécéssité, cette solution … provisoire. Et Sainte Reine se réfugia auprès de Notre-Dame de Pitié. Mais vous savez qu’en France le provisoire dure souvent plus que le « définitif ». Et depuis plus d’un siècle la toute petie chapelle abrite deux dévotions.

C’est pourquoi, dans le coin, on connaît autant la chapelle de Sainte Reine que celle de la Sainte Vierge; on prie autant la petite Française du IIIe siècle que la Sainte Vierge.

La confiance en sainte Reine comme en Notre-Dame est grande dans la région et la petite chapelle quoiqu’elle soit un peu à l’écart de la nouvelle route reçoit de continuelles offrandes populaires.

Que cette double protection se maintienne sur les villages et la paroisse de Retournac.